Yosemite national Park


En Californie, on a visité plusieurs grands parcs nationaux. On a commencé par Yosemite, un parc situé dans une vallée où on peut admirer des montagnes d’une hauteur impressionnante. On y était durant Thanksgiving, fête traditionnelle américaine durant laquelle les gens ont congé pendant 4 jours et se réunissent en famille. On croyait qu’ils ne seraient peut-être pas très nombreux à faire du camping dans le parc, mais erreur. Dès la première attraction, le Voile de la mariée, on a constaté que c’était vraiment rempli de gens. Dans ce temps-là, on apprécie évidemment moins les randonnées. Comme son nom l’indique, le Voile est une super belle trainée d’eau tombant du haut d’une falaise en une chute d’abord étroite mais qui s’étend avec l’effet du vent et de la gravité, captant le soleil au passage.



On s’est ensuite rendus au Visitor Center, où on a découvert que plusieurs routes ou trails étaient fermées pour cause de restauration durant l’hiver. Ça limitait nos possibilités. Au centre, on a vu un documentaire sur la création du parc grâce à l’écrivain et naturaliste John Muir, qui adorait cet endroit et y faisait de longues randonnées. Un jour il a invité Roosevelt à passer deux nuits seul avec lui dans cet endroit : devant un feu de camp lors de leurs nuits à la belle étoile, il a réussi à convaincre le président de créer un parc pour protéger l’endroit. Imaginez Trump qui se baladerait en forêt avec un écrivain philosophe, tout seul, sans son escorte, pour créer un parc national (au lieu d’en détruire), on en est loin !

Le lendemain, nous nous sommes réveillés très tôt pour nous garer dans un stationnement du parc de manière à ne pas être coincés par le grand nombre de voitures. On est allés faire une randonnée dans la vallée autour de Mirror Lake. La première partie de la randonnée s’est déroulée dans l’ombre et le froid, car les hautes montagnes cachaient le soleil. On gelait et on avait hâte de retrouver un peu de soleil. À première vue, Mirror Lake semblait une étendue d’eau vraiment petite et sans intérêt, mais peu à peu (quand on est arrivés du bon côté du lac), elle s’est révélée un vrai miroir limpide reflétant les montagnes environnantes.  




Kings canyon et Sequoia national park


Juste avant d’entrer dans Kings Canyon et Sequoia National Park, on a passé deux semaines dans la ville de Fresno pour que ma mère travaille. Fresno est une ville avec plusieurs lotissements fermés par des portails, du genre quartiers riches qui se protègent. Les maisons sont en général basses, pour éviter la chaleur, et elles ont toutes des climatiseurs. Quand ce sont de grosses maisons, elles sont très étalées. On a passé plusieurs jours dans différentes bibliothèques et, malheureusement, ma mère s’est fait voler son vélo sur le campus de l’Université. On aurait aimé aller voir un marching band (les grandes fanfares qui se produisent sur les campus américains) car il y en a beaucoup qui sont réputées dans la région, mais la saison des compétitions était finie pour le mois de décembre.


On a quitté Fresno pour passer quelques jours dans Kings Canyon et Sequoia Park, qui sont deux parcs tout près l’un de l’autre, reconnus pour leurs séquoias immenses. Dans Kings Canyon, on a constaté qu’on avait presque le parc pour nous : il y avait très peu de gens à cause de la saison, mais il faisait un gros soleil et vraiment pas froid. C’était des conditions idéales. Tellement qu’on a décidé d’y rester un jour de plus après nos randonnées, pour profiter du calme. On était stationnés face aux montagnes, devant un super beau paysage (sûrement un endroit d’où on se serait fait chasser en été). Selon moi, le plus bel endroit où on a dormi depuis le début du voyage.



On a été faire la randonnée de General Grant Tree, où on est passés dans un séquoia tombé il y a plus de 100 ans (il était bien plus grand que notre appart). Le bois des séquoias ne pourrit pas et ils restent intacts sur place après leur chute. On a vu General Grant, désigné l’arbre de Noël de la nation, et plusieurs grands arbres impressionnants. Les séquoias ont une forme particulière, avec de larges troncs nus et seulement quelques branches au sommet. Seules leurs branches qui dépassent le plafond de la forêt captent bien le soleil et sont utiles à la photosynthèse de l’arbre, donc toutes les autres finissent par tomber. Quand les séquoias sont à maturité (environ à 75 m de haut), leur cime s’arrondi et ils cessent de pousser en hauteur pour gagner chaque année en épaisseur (l’écorce d’un séquoia peut augmenter chaque année autant que le poids d’un arbre mature). Puisque leur écorce devient très épaisse et qu’ils ont peu de branches basses, ils résistent bien aux feux et survivre ainsi plus longtemps que d’autres arbres. Les tanins de leur écorce les protègent également contre les maladies et les insectes. On a donc vu des arbres vieux de plus de 2 000 ans : ça veut dire qu’ils étaient déjà là au temps de l’empire romain.



Dans Sequoia Park, on a fait Big Trees Trail, un sentier où se trouvent plusieurs séquoias. Ces arbres ont besoin de conditions particulières pour devenir si gros : un climat ni trop sec, ni trop humide, ni trop froid ni trop chaud. Beaucoup de pluie, mais un sol pas trop mou ni spongieux. C’est pour ça qu’ils poussent à une altitude particulière, et seulement du côté ouest de la montagne (qui retient les pluies venant du Pacifique). À cause du sol peu profond des environs, ils se sont adaptés en augmentant l’étendue de leurs racines, qui vont s’enchevêtrer à celles des autres arbres. Ils peuvent parfois pousser dans seulement 1 m de profondeur.



Ensuite, on est allés voir General Sherman Tree, l’arbre le plus massif au monde. Il n’est pas le plus haut ni le plus large : à Redwood National Park, par exemple, où on est passé sur la côte ouest, des séquoias à feuilles d’if poussent encore plus haut, si haut que des petits mammifères à leur cime y passent toute leur vie, de la naissance à la mort, sans jamais en descendre. Il existe aussi des arbres plus larges, entre autres au Mexique. Mais General Sherman est l’arbre qui occupe la plus grande superficie au monde (volume du tronc et du feuillage).



Le clou du parc a été la randonnée qu’on a faite à Moro Rock, qui a abouti à une spectaculaire montée d’escaliers (350 marches) taillée dans un rocher menant à une vue à couper le souffle, de tous côtés, sur les montagnes et les forêts avoisinantes. En montant, j’avais quand même peur car il n’y avait pas de grosses barrières de protection; par exemple, si on avait glissé par une journée de pluie, eh bien ça aurait été fini.  


 


Joshua tree national park        


Après avoir passé la veille du jour de l’An dans le désert (où on s’est enlisés), on est entrés dans le parc de Joshua Tree, dans le désert du Mojave. Le coin est vraiment spécial. Dans les forêts pluvieuses de la Colombie britannique et dans certaines forêts de la côte-ouest américaine où on est passés auparavant, seulement 40 % des rayons du soleil atteignent le sol. Dans ce désert, c’est 90 %. Rien ne bloque le soleil ni ne retient l’humidité : pas de nuages, très peu d’arbres et de végétation. La chaleur est donc intense et elle disparait aussitôt le soir venu, car rien ne la retient. Les terrains des maisons près du parc sont faits de terre sableuse avec ici et là un cactus qui pousse. Aucun brin d’herbe ni arbre feuillu à l’horizon, et pas besoin de tondeuse.


Joshua Tree est connu pour les arbres typiques qui le composent, une espèce endémique qui ne pousse que là, mi arbre, mi cactus, ressemblant au prophète Joshua, les bras levés, montrant la Terre Promise. Leur tronc semble en bois, d’ailleurs on les considère vraiment comme des arbres (de la famille des agaves) mais l’intérieur est fibreux et ne comporte pas d’anneaux indiquant leur âge. Leurs feuilles sont des épines. Ils atteignent au maximum 1 m 50 et se développent quand les hivers plus rigoureux (il peut neiger la nuit) les endommagent. De nouvelles branches poussent alors et ils produisent de grandes fleurs dont se nourrissaient autrefois les amérindiens (rôties, elles ont un gout de banane et leur servaient de dessert). Quand l’hiver est trop doux, l’arbre se reproduit plutôt par bouturage : un nouvel arbre se crée à partir d’une section des racines, mais il poussera alors droit et ne produira ni fleurs ni branches.

Les paysages du parc sont étonnamment variés : des étendues de terre caillouteuse d’un aspect lunaire, des zones de cactus (Cholla Cactus Garden), d’anciennes formations de lave autour desquelles la terre s’est érodée et qui sont devenues des rochers aux formes étranges. Il y pousse différentes sortes de cactus, du genévrier, des buissons d’épines tout secs, dont on imagine mal qu’ils soient encore vivants, et plusieurs petits animaux et insectes y vivent, des lézards, des tarentules, des serpents.



On a escaladé le mont Ryan d’où on voyait une bonne partie du parc, puis été admirer Keys View d’où on pouvait distinguer la faille de San Andreas (mais on ne voyait rien d’impressionnant, une ligne rocheuse qui se distinguait à peine dans la vallée de Palm Springs). On a également visité deux oasis, Cottonwood Spring et l’oasis de Mara. Sans doute à cause de failles au sol, de l’eau y vient en abondance et de grands palmiers massifs y poussent, alors que tout est sec trois mètres à côté.



Hidden Valley est l’endroit le plus agréable qu’on a vu, une grande enclave dans les rochers où autrefois deux frères venaient cacher le bétail qu’ils avaient volé, des bœufs de l’Arizona et des chevaux de Californie. Tout autour, les formations rocheuses étonnantes (où on s’amusait à voir des personnages) captaient le soleil et nous cachaient complètement du parc. La randonnée serpentait sur la terre sablonneuse entre des cactus et de petits arbres; comme il n’y avait rien au sol, pas de terre, pas d’herbe, on aurait dit un jardin zen planté par des botanistes. C’était très calme, à la tombée de la nuit, et on était seuls : on y aurait bien passé la nuit, s’il n’y avait pas eu autant de serpents cachés entre les fentes des rochers.     



Matteo et Caroline


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