Le jour où enfin j’entrais dans un nouveau pays où je n’étais jamais allé s’est passé superbement bien. Comme on nous l’avait suggéré, on a passé la frontière tôt le matin, mais tout a été beaucoup plus rapide qu’on le croyait. C’était dimanche et on a supposé que les travailleurs étaient peut-être fatigués de leur semaine, en tout cas on a seulement passé 1 h à gérer les différentes paperasses et on est sortis aussi facilement que si on était en voiture, sans inspection particulière (sauf un scan extérieur du bus). On nous avait dit aussi que les routes n’étaient pas très belles au Mexique et ça s’est confirmé à 100 mètres de la douane avec un super gros nid de poule sur lequel on a failli passer. Pour ne plus que ça nous arrive, on a pris l’autoroute payante. Au début, ça ne semblait pas très cher, 60 pesos à chaque passage (soit l’équivalant de 4 dollars), c’est-à-dire le tarif camion. Mais à la longue, ça faisait un montant élevé vu qu’il y avait plusieurs postes de péage.



Une fois qu’on a quitté l’autoroute payante, il n’y avait malheureusement plus qu’une seule route pour traverser la Basse-Californie, la transpéninsula, alors on a dû endurer une mauvaise route durant des kilomètres et des kilomètres. On s’est dit que ça allait peut-être endommager l’autobus. On est passés dans des villages qui faisaient vraiment pitié avec pratiquement que des routes en terre et beaucoup de maisons délabrées et des dizaines des chiens errants partout (ayant peut-être la rage, on ne sait jamais). Ce qui est déprimant, c’est surtout la quantité exceptionnelle de déchets de toutes sortes le long de la route, dans les villes et villages, même parfois sur les terrains des gens. Ark, dégueulasse. Au début, on pensait qu’une tempête avait dispersé les déchets d’une décharge, mais non, toute la Basse-Californie est une poubelle de milliers de bouteilles de plastique et autres petits ou gros déchets jetés n’importe où (et ce genre de décor a continué dans les autres régions du Mexique).


Tout le long de la route, on a dû s’arrêter à plusieurs postes militaires pour des inspections (c’est parfois aussi des contrôles de la police). Les militaires sont évidemment toujours armés, ils entrent parfois dans l’autobus et ouvrent les armoires, mais aucun ne nous a demandé d’argent. On ne sait pas trop ce qu’ils vérifient ou ce qu’ils cherchent. Leur nombre est impressionnant, mais ils n’interviennent pas de la même manière que chez nous. Par exemple, on a roulé de nuit avec un seul phare et aucune des voitures de police qu’on a vues ne nous a arrêtés. Ils n’interviennent pas non plus beaucoup dans la circulation, qui est assez anarchique. Les gens doublent dans les courbes sans aucune visibilité (d’ailleurs il y a des tas de croix signalant des morts le long des routes, parfois une par kilomètre, et les conducteurs se protègent en faisant un signe de croix dans les passages difficiles), ils prennent des risques, peuvent rouler à 4 sur une moto sans casque, ou encore on a vu plusieurs femmes au volant avec leurs bébés de quelques mois dans leurs bras. Mais ils sont fous, ces Mexicains!!! Et, pour ralentir la circulation dans les villes et villages, ils choisissent plutôt de mettre des centaines de dos d’âne, parfois assez raides à prendre pour nous.                                                         


On est passés par le sanctuaire des baleines grises Vizcaino, qui a beaucoup été étudié par l’équipe du commandant Cousteau, ce qui a surement contribué à ce que cela devienne une Réserve Mondiale de la Biosphère (UNESCO). Mon père est allé voir des baleines (ça aurait été trop cher pour toute la famille). Il est parti en bateau pendant 2 h et il est revenu enchanté du spectacle, qui était magique. Les petits baleineaux de seulement quelques jours jouaient à passer sous la petite barque, sous la surveillance de leur mère non loin de là. Ces baleines viennent de l’Alaska pour donner naissance à leur baleineau le long des côtes du Mexique.  



Une autre activité qui était impressionnante était la visite de peintures rupestres datant de 9 000 ans. Il y avait des dessins d’hommes représentés avec un contraste de couleurs, ce qui était assez étrange pour des peintures de cette ère : car on aurait dit que les personnages avaient deux faces ou deux personnalités. Nous rendre à ce site n’a pas été facile : la route était tellement défoncée que ma mère a dû aller négocier avec un homme qui habitait là pour qu’il nous amène en voiture (il a d’ailleurs fait son signe de croix dans la partie la plus défoncée). On aurait pu aller voir d’autres peintures beaucoup plus grandes et impressionnantes, mais pour ça il fallait louer des ânes, engager des guides, préparer notre nourriture et la leur et tout le matériel de camping pour partir durant 3 jours. Il parait qu’il y avait là-bas une grande baleine représentée sur une paroi – ce qui est intriguant, puisqu’on ne sait pas comment à cette époque les gens pouvaient observer réellement des baleines si loin de la côte. En tout cas ma mère voulait vraiment y aller. La seule chose qui l’a convaincue de renoncer est que nous n’avons pas de tente (juste des sacs de couchage et des tapis de sol) et on nous recommandait vraiment d’en avoir une par les nuits froides. S’en procurer une devenait trop compliqué.



Nous nous sommes arrêtés dans un camping avant de passer le traversier – les campings sont quand même assez rares au Mexique (les Mexicains n’ont pas de VR, juste les touristes). On était tout seul, c’était quand même cool, mais à ce moment que le réservoir d’eau sale s’est brisé au niveau de l’embouchure et on a passé toute la journée à le réparer. Merci papa, qui a fait le plus gros du travail!


Puis on a fait une escale dans la ville de La Paz, parce que la route passait par là, et on s’est rendus jusqu’à Cabo San Lucas, mais sans trouver d’endroits où nous y arrêter, car c’est la ville la plus touristique de la Basse-Californie (il y avait même une piste cyclable, ce qu’on ne voit nulle part ailleurs). On est donc retournés dans la capitale de la région, La Paz, où mon père et moi avons été voir en bateau des requins-baleines. On a même plongé juste à côté d’eux! C’était vraiment impressionnant, car la première fois que j’ai sauté, eh bien on était en pleine mer froide et en plus là où j’ai sauté, le requin-baleine me fonçait droit dessus, alors j’en ai eu le souffle coupé, en plus d’être saisi par le froid. De plus, ces mammifères ne s’arrêtent jamais, alors il fallait vraiment nager vite. Mais c’est une activité que je vous recommanderais à tous, chers lecteurs, si vous en avez la possibilité un jour, car c’est vraiment incroyable.



Ensuite nous avons attendu le départ pour le "continent" sur la plage de sable blanc de Tecolote. Deux jours plus tard, on a pris le traversier vers 18h pour un voyage de 13h. J’ai bien apprécié, car c’était la première fois que je dormais sur un bateau. Finalement, tout s’est bien passé et on est arrivés à Mazatlan sans problème. 



Matteo


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