On a quitté Jasper en s’arrêtant un moment à Logan Pass, puis plusieurs jours à Kelowna, dans la vallée de l’Okanagan, réputée pour ses vignobles et ses vergers. J’y ai travaillé et nous nous sommes promenés dans les vergers.


C’était aussi le moment de nous pencher sur la question du chauffage. On avait eu très froid à Jasper, puisque on était en hautes montagnes (surtout près du champ de glace). Nous avons trois options de chauffage :


- une chaufferette électrique qu’on utilise en camping

- un système de chauffage au gaz, qu’on n’avait jamais testé

- un système de chauffage à l’avant, utilisant la chaleur du moteur quand on conduit, jamais testé non plus (on a toujours utilisé le Vagabus l’été).


Le chauffage au gaz, après avoir émis une odeur inquiétante, s’est avéré très fonctionnel. C’était en fait juste la poussière accumulée dans les conduits qui brulait. Mais on voulait vraiment profiter de notre troisième option, c’est-à-dire récupérer la chaleur du moteur pendant qu’on roule, pour ne pas toujours aller remplir nos bombonnes de gaz. Malchance, le liquide de refroidissement s’est mis à fuir dès qu’on a testé le chauffage. Il fallait attendre un garage pour investiguer plus le problème. On a décidé de rejoindre Vancouver en passant dans les montagnes par Whistler, qui se préparait déjà pour la saison de ski, puis en s’arrêtant deux jours à Squamish.  


La route entre Squamish et Vancouver était magnifique, elle serpentait le long d’une baie tout illuminée de soleil, avec de hautes montagnes à proximité et le Pacifique devant nous. Approcher Vancouver, c’est très différent que d’approcher une autre grande ville : les autoroutes, pas très larges, sont environnées de végétation dense, Stanley Park (avec de très hauts arbres) nous accueille dès le passage du pont, le plus de nature possible a été préservé, on sent les gens soucieux de l’environnement, la ville est propre, les pistes cyclables nombreuses, les gens ont tous l’air tranquille et en santé.


On est arrivés en après-midi à North Vancouver où on s’est cherché une place pour la nuit, évaluant les options pour visiter Vancouver le lendemain, comme y aller en vélo, en waterbus. On a cherché pendant des heures : entre le manque de place, les interdictions de stationnement, le bruit intense, on ne trouvait pas. On a soupé, attendu le soir : toujours impossible de franchir le pont engorgé de trafic. Toute la journée du lendemain a été consacrée à trouver une place. Des heures et des heures en vain. C’était interdit au Walmart, près duquel des tas d’autres VR étaient venus échoués. On a commencé à trouver ça moins drôle. On a franchi la ville dans tous les sens, au début à la recherche d’une place idéale d’où prendre le métro le lendemain, à la fin simplement d’un endroit où nous garer pour souper. On perdait notre temps. On a décidé en fin de compte d’aller en banlieue de Vancouver à Surrey où se trouve un garage Freightliner où on pouvait faire faire la vidange de l’autobus, les changements d’huile et l’inspection de notre problème de chauffage. Au moins, ça nous permettrait de dormir sur le stationnement du garage. Là, on a appris que les amortisseurs arrière étaient morts et qu’une valve était défectueuse dans le circuit d’air (freins et suspensions). On pouvait seulement avoir un rendez-vous trois jours plus tard. La réparation de notre chauffage n’était pas possible : on nous a plutôt orientés vers un plombier. Steph a finalement décidé de s’en charger quand on serait dans un coin plus tranquille. En attendant, on a continué d’avoir froid.


On a retraversé la ville en entier pour aller vers l’University of British Columbia sur le bord du Pacifique. Sans aller si loin, on a abouti à un coin qu’on a décidé d’essayer, près d’un parc et d’appartements. C’était sombre et sous les arbres toute la journée, donc froid et humide, mais de là on pouvait se rendre au centre-ville en vélo en 45 min. La piste était très belle, longeant une plage, du volley, de belles grandes maisons. L’une d’elles était à vendre, pas très belle et demandant beaucoup de rénovation : elle était affichée à 17 millions. On a commencé à comprendre ce que voulait dire la crise du logement là-bas. Les petits studios (1 ½) près desquels on était garés valaient, eux, 500 000 $. On se demande bien ce que les gens font dans leur vie pour se payer ça. L’espace manque partout là-bas, des gens vivent dans leurs voitures. Le trafic est constant.


Mais en vélo, c’était la belle vie. Les bords d’eau sont la plupart du temps pensés pour les cyclistes et les piétons, c’est magnifique, l’aménagement urbain y est bien plus élaboré qu’à Montréal. On allait facilement partout. On a vu à Granville Island nos premières maisons sur l’eau (mais il y en a beaucoup plus à Victoria), on a été au marché, admiré les silos peints près de l’Université Emily Carr. Il y a vraiment partout un effort d’embellissement, d’intégration de l’art et d’amélioration de l’environnement.




On a pique-niqué à Stanley Park, avec vue sur le Pacifique, traversé la forêt de grands arbres, admiré des totems. Fait le tour de Chinatown, de Gas Town, vu la Steam Clock (une vieille horloge qui fonctionne à la vapeur). On a parcouru toute la baie de Vancouver, vu des tas de voiliers, un hydroaérodrome et visité le musée des Sciences. C’était des journées idéales de soleil et de déplacements faciles.




De retour au garage, on a fait faire les réparations (une belle facture de 2 000 $, vu la main-d’œuvre très chère). En quittant le garage, mauvaise surprise : le pot d’échappement a lâché. Il trainait sur la route sous le véhicule. Steph a ficelé le tout, et troisième visite au garage. On était vraiment tannés.


Après tout ça, on est allé prendre le traversier pour l’ile de Vancouver. On s’imaginait tellement trouver là-bas une multitude de coins où rester dans la nature, voir des ours, être isolés. Au contraire. Les ours fuient peut-être devant le bruit de l’autobus et partout sur l’ile, des pancartes nous interdisaient de rester pour la nuit. À Nainamo, on s’est trouvé un coin derrière un bowling où on a retesté le chauffage après la soudure : ça giclait partout, le radiateur était percé. Il a fallu tout ouvrir la construction de bois à l’avant, nettoyer, assécher, accumuler le bois enlevé où on pouvait dans l’autobus. Ça voulait dire encore plusieurs jours sans chauffage, sauf celui au gaz qu’on partait de temps en temps (mais pas en roulant).



À Tofino, on a trouvé près d’une école la seule rue possible où nous garer, près du Pacifique où on est allé admirer des couchers de soleil magnifiques, en passant à travers une nature luxuriante. Avec l’air salin, les vagues, les grands arbres poussés pêle-mêle, on se serait cru sur une côte où débarqueraient des pirates. Le long de la côte, dans le Pacific Rim Park, les arbres étaient énormes, l’humidité dense, les limaces plus grosses que la main. À Ucluelet, petite ville de pêcheurs, la pluie a commencé à se faire constante et nous a suivi jusque dans Cathedrale Grove, une rain forest où les arbres sont immenses : quand l’un tombe, il devient une « pépinière » sur laquelle poussent de nouveaux arbres. Des champignons poussent également sur les clôtures. Dans tous ces coins de l’ile, il pleut 2 jours sur 3 : la nature y a plus de place que les humains.

Notre séjour s’est terminé à Victoria, où on est resté longtemps pour que je travaille et où les enfants ont passé l’Halloween. La ville est tranquille, mais on n’a pas eu de coup de cœur. À Victoria et sur la côte ouest de l’ile, l’empreinte militaire est forte, comme à Ucluelet d’où toutes les familles japonaises ont été expulsées durant la Seconde Guerre mondiale. C’est resté très difficile de nous garer dans la capitale, la nuit comme le jour. Un après-midi on a décidé, faute d’autres solutions, de se garer près d’une bibliothèque dans une rue où les stationnements étaient limités à 2 h. En allant changer le bus de place, Steph est tombé sur un policier qu’un résident du coin avait alerté. Steph lui a expliqué la situation, qu’on était juste là l’après-midi le temps que je travaille. Il a été super. Il nous a autorisés à nous garer pour plusieurs jours sur le stationnement du poste de police et de pompier. On y était bien, sauf pour la météo très froide et pluvieuse. Des moisissures ont commencé à apparaitre un peu partout dans le bus, le long des fenêtres.



Près de Victoria, on a trouvé le seul réparateur de radiateur de l’ile, qui nous a fait la job de façon impeccable. Youppi! Les problèmes semblaient se dissiper. On a quitté l’ile en direction de Port Angeles aux États-Unis, espérant trouver enfin du temps plus chaud et plus sec.


Caroline