Wamego (Kansas) : Un jour de fête nationale


Après avoir quitté la chaleur étouffante et sèche du désert, on est tombés dans celle suffocante du Midwest des États-Unis (une canicule? la température habituelle? si oui, pauvres eux). Bref, même chaleur mais humidité en plus, sous un ciel laiteux couvrant les champs du Kansas à perte de vue. Malheureusement, avec l’humidité, la nuit reste lourde et collante…


Le 4 juillet, on s’est arrêtés en après-midi à Wamego pour nous mêler aux festivités de la fête nationale et admirer les plus gros feux d’artifices du Kansas. On était dans l’autobus comme dans une serre. Manger était pénible, dehors n’était pas mieux. Au parc du centre-ville, il y avait pas mal de manèges, mais sous un soleil trop intense. On a manqué le show de tracteurs mais on a pu faire le tour d’une exposition de voitures de collection dans le parc. On commençait à comprendre que tout ce qui possède un moteur serait à l’honneur à Wamego pour le 4 juillet…



Une parade était prévue pour 18h : les gens avaient placé leurs chaises tout le long d’une rue principale. Pour patienter sans fondre, on est allés faire un tour au Musée d’Oz qui intéressait beaucoup Nina (depuis que je lui ai lu le roman de L. F. Baum en traversant les États-Unis) mais aussi toute la famille (quand on a su qu’il était climatisé). Dorothée, l’homme de fer, l’épouvantail, Toto, tout le monde était là.



Puis, la parade a commencé. C’était parfois difficile de comprendre comment le choix de ceux qui défilaient avait été fait. Le thème principal semblait l’engin à moteur, de tout type : motos, camions remorques, tracteurs, on a même vu une bétonneuse et un camion de poubelles. Au passage, tout le monde faisait sa petite publicité sur son commerce, avec dépliants distribués. Autre thème : les représentants politiques, avec toute la ribambelle d’aspirants gouverneurs, de secrétaires d’État, encore des tracts et des sourires bidons. Puis, les Miss en voiture, dont une Miss Kansas de 5 ans, avec un maquillage comme si elle en avait 50. Des soldats en habit de combat. Des représentants de la Country Cowboy Church, ceux-ci à cheval. D’autres petits entrepreneurs de plancher de béton, etc. Des pétarades, des coups de klaxon. Ça n’en finissait pas. Les gens se levaient sur le passage de certains véhicules, mais pas sur celui promouvant le cannabis, qui a laissé la foule froide. C’était d’ailleurs une foule curieuse, absolument sobre : tout le monde au Coke ou au Red Bull, sinon à l’eau, vendue par les cheerleaders tout le long de l’après-midi.



Par rapport aux défilés qu’on connait, comme ceux de la Saint-Jean, il manquait par exemple d’imaginaire, de représentation symbolique d’un peuple, d’Histoire, de folie, de musique, de festivité créative : il manquait d’un sentiment exaltant d’identité collective. On ne voyait que les symboles actuels de la puissance et de la consommation aux États-Unis; je me demandais si c’est vraiment ainsi que rêve ce peuple.


Le soir, par contre, le feu d’artifices était vraiment impressionnant. Une grande foule carburant toujours au jus ou à la boisson gazeuse (même les gangs de gars de 20 ans) s’était réunie sur un vaste terrain de centre récréatif. Une heure avant le feu, des pétards et petits feux perso explosaient partout autour du site. Puis on a admiré des feux comme on en avait jamais vu de si près (mais avec pour thème on aurait dit la surenchère, toutes les couleurs et tous les styles se mélangeant, avec des explosions de bruits rappelant parfois une ambiance de guerre). Les enfants ont adoré, c’était les premiers feux de Nina.


Caroline



Saint louis et Cahokia


On a traversé la ville de Saint-Louis pour se diriger vers le parc national de Mammoth Cave. En périphérie de cette ville, on est passé devant la plus grosse arche en métal des États-Unis. Un peu plus loin, mes parents sont allés marcher sur une grosse butte de gazon (Cahokia). C’était auparavant la plus grande cité amérindienne au nord de Teotihuacan. Vers le XIIe siècle, la ville comptait entre 15 000 et 30 000 habitants et on y venait de très loin pour faire du commerce. Elle devait ressembler aux cités qu’on a visitées au Mexique.

 

Mammoth Cave National Park


On a vraiment aimé passer l’après-midi dans les grottes du parc, car il y faisait une vingtaine de degrés de moins et, surtout, il ne faisait presque pas humide. Les grottes n’étaient pas aussi impressionnantes que celles du parc Carlsbad Cavern, car partout le plafond était bas, sans donner d’impression de grandeur et les roches n’avaient pas des formes étranges. Quand même, ce réseau de grottes fait plus de 643 km de longueur. Petite histoire, à l’époque, quand il n’y avait pas encore d’électricité dans les grottes, les visites se faisaient à la lanterne. Un jour, un homme en visite a quitté son groupe pour retrouver son chapeau qu’il avait laissé derrière. Malheureusement, il a manqué l’entrée du bon couloir et s’est perdu. Il est resté dans les grottes pendant 39 heures. On a un peu compris ce qu’il a vécu quand le park ranger a éteint toutes les lumières pour nous montrer comment l’obscurité pouvait être totale et déconcertante. Une autre fois, un homme du nom de Floyd Collins, qui avait parcouru et observé ces grottes pendant près de 10 ans, a fini par périr la jambe coincée sous une roche tombée du plafond. Mais aujourd’hui, les grottes sont devenues très sécuritaires et très fréquentées. Chaque tour guidé ce jour-là comptait environ 100 personnes.


On a aussi vu les restes de l’exploitation du salpêtre dans la grotte. Pendant la guerre civile aux États-Unis, les sudistes faisaient travailler des esclaves dans les cavernes pour en extirper le guano des chauves-souris. Une fois travaillé, ce dernier devenait du salpêtre qui servait à fabriquer de la poudre à pistolet.


(désolé pas de photos!)


Cummins Falls State park


Notre première activité au Tennessee a été une baignade dans les chutes du State Park Cummings Falls. Pour s’y rendre, il fallait descendre une longue pente et ensuite marcher dans une rivière pendant un vingtaine de minutes. On arrivait enfin à de magnifiques chutes où l’eau s’écoulait sur plusieurs paliers érodés par les milliards de litres d’eau qui y passent sans jamais s’arrêter. Même si on était assez tôt le matin, il y avait beaucoup de monde et il en arrivait de plus en plus. Le moment le plus excitant a été quand on est passé derrière la cascade et quand on s’est littéralement placé en dessous d’elle. L’eau était vraiment froide et ça faisait un très grand contraste avec la température ambiante. Quand on est revenu, Nina a fait tout le chemin de retour en nageant dans la rivière : elle aimait beaucoup mieux ce genre de « randonnée ». On est parti au bon moment car, en remontant, on croisait des gens descendant aux chutes en file indienne. Il n’y avait presque plus de place dans le stationnement : c’est un bel endroit, mais vraiment populaire.


 

Great Smoky Mountains National Park



On espérait trouver un peu de fraîcheur en montant au parc de Great Smoky Mountains car, comme son nom l’indique, il se trouve un peu dans les nuages. Malheureusement, il faisait encore très humide. Le paysage par contre faisait changement, car on était habitué aux décors plus arides et avec beaucoup moins d’arbres. On aurait un peu dit les forêts de la côte ouest, mais avec des arbres moins gigantesques. Un peu partout, les nuages accrochés aux montagnes donnaient l’impression de feux qui montaient de la forêt.


 

Blue Ridge Parkway



Après ce parc, on a pris l’autoroute montagneuse de Blue Ridge Parkway qui est en fait une route de National Park traversant tout l’état du Tennessee et une partie de la Caroline du Nord pour se terminer en Virginie. Cette magnifique route d’à peu près 750 km débute au parc national de Great Smoky Mountain et se termine au parc national de Shenandoah en Virginie. La route qu’on a traversée était vraiment impressionnante : des fois, on voyait de la forêt à perte de vue, des fois, on passait par des tunnels d’à peine quelques dizaines de centimètres de plus que l’autobus, ou encore on traversait d’épais murs de nuages et de brouillard, si condensés qu’on ne pouvait voir qu’à 3 mètres devant le véhicule.



Le deuxième jour, vers 15 h, on s’est arrêté dans un overlook, car mon père trouvait que les freins ne fonctionnaient plus trop bien. Quelques secondes plus tard, de la fumée est montée du devant de l’autobus. La peinture du frein avant gauche commençait à bruler. Ça nous inquiétait et on a décidé de laisser refroidir les freins avant de partir. Deux heures plus tard, mon père a commencé à faire des tests mais l’autobus ne freinait pas bien et, quand il freinait, il le faisait en ne s’arrêtant pas immédiatement. Alors on a appelé la FQCC avec qui on est assuré. Nos options étaient de faire venir un garage mobile, aux possibilités de réparation limitées (150 $ US de notre poche) ou directement la dépanneuse (environ 800 $ US). Si on choisissait le garage mobile et que ça échouait, il fallait ajouter la dépanneuse entièrement à nos frais (1 000 $ US). On a choisi le garage mobile, qui est arrivé 2 heures plus tard. Le gars nous a dit que les freins d’en arrière étaient tellement usés que ça avait abimé les tambours et les supports de plaquettes de freins et que c’était selon lui les freins d’en avant qui freinaient seuls, malgré qu’ils soient eux aussi endommagés. Après quelques tests peu encourageants, le gars hésitait à nous laisser partir. Il a encore resserré les freins au max et on a décidé de rouler jusqu’au Walmart, qui était à 10 km de là. L’homme nous a recommandé de rouler très lentement pour ne pas que les freins nous abandonnent.



Alors on est parti vers 11 h du soir, malgré la noirceur et le stress. Le début s’est passé sans inconvénient, alors qu’on se trouvait encore dans le parc, avec la dépanneuse qui nous accompagnait pour voir si tout allait bien. Puis, elle nous a quitté alors qu’on sortait du parc pour rejoindre l’autoroute qui menait au Walmart. C’est là, alors qu’on prenait une bretelle en pente vers l’autoroute, que les freins nous on lâchés. Mon père a mis aussitôt le parking brake qui, on pensait, stoppait le bus complètement, mais qui n’a rien fait du tout. Le stress est monté en flèche, car on arrivait sans freins sur un embranchement de route où des camions et des voitures passaient à plus de 100 km/h. Ça aurait été la collision assurée, s’il n’y avait pas eu d’accotement où on s’est rangé pour avoir le temps de ralentir grâce à la compression du moteur.



Une fois que l’air s’est rempli à nouveau dans les réservoirs des freins, on a roulé très lentement (aussi lentement qu’on le peut sur une autoroute) jusqu’au Walmart. Là, décision difficile : soit on roulait jusqu’au garage (plus d’une demi-heure, à notre vitesse), soit on attendait le lendemain ou alors on faisait venir une dépanneuse. Comme on était tard, il y avait moins de gens sur les routes et la fraicheur aidait les freins à ne pas trop chauffer. Mes parents se sont dit qu’en ville, il y aurait moins de grosses pentes et qu’en prenant l’autoroute, on aurait moins à freiner aux stops. On a décidé d’y aller, en utilisant les petites vitesses pour freiner, même si ça faisait du bruit. On était stressé quand on voyait arriver un feu rouge au loin, mais heureusement, tout a marché.



Quand on est arrivé au garage, on a soufflé un bon coup. Le lendemain matin, un mécanicien nous a expliqué que les freins de derrière et celui de l’avant à droite ne fonctionnaient plus du tout et que c’était seulement le frein avant gauche qui retenait les 11 tonnes de notre véhicule, alors c’est pour ça qu’il avait commencé à brûler. Il nous a aussi demandé si on jouait à la loterie, car on avait été extrêmement chanceux. Il voulait sinon qu’on lui choisisse des numéros pour qu’il joue, lui. Plus tard dans la journée, d’autres mécaniciens nous on dit la même chose : on a vraiment eu l’air de passer proche d’un gros accident. Au moins, après deux jours de travail au garage, on va repartir à neuf.


Matteo


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