On nous avait dit Los Angeles est une ville vraiment étalée, une ville de voitures, de circulation constante, à n’importe quelle heure du jour et de la nuit. On avait lu Los Angeles est une ville où on ne peut pas se garer en boondocking, ni même trouver une place où s’arrêter réfléchir quand on est en VR. Je savais aussi évidemment que c’est une ville de stars et de palmiers. Bref ça ne m’inspirait vraiment pas. On a hésité : on y va, on y va pas. On a décidé d’y faire quand même un tour, histoire de voir de tout. Pour le côté cinéma, pour Universal Studio et Hollywood Boulevard. Pour les plages le long de la côte, Venice Beach et Santa Monica. En arrivant en Californie, je pensais aimer San Francisco, et peu Los Angeles : elles ont chacune dépassé mes attentes. J’ai adoré San Francisco et détesté Los Angeles.


On voulait consacrer trois jours à cette ville, pas plus. Afin que notre séjour se passe bien, on a loué un terrain dans le seul camping accessible, en face du Pacifique et à côté de l’aéroport. C’était notre seule option, on ne voulait pas revivre nos errances de Vancouver et de San Francisco en pire. On a décidé de commencer par Universal Studio, en se rendant au parc depuis Santa Clarita, une ville proche, où on reviendrait dormir le soir. Universal propose une formule « tour des studios » et parc d’attractions tout ensemble. C’était vraiment, vraiment bien. Les enfants trouvaient que c’était dans les plus belles journées de leur vie. On était également enthousiasmés par l’expérience « manèges avec animation 3D ». En général, on s’installe dans un manège qui se déplace à l’intérieur d’une grande structure fermée et on a devant nous un ou des écrans, selon le trajet, qui nous donnent l’illusion d’être dans un film (avec lunettes 3D ou non) : Harry Potter, Transformers, Minions, etc. On a visité, à pied ou en bateau, Hogsmead (Harry Potter), Springfield (les Simpson), Jurassic Park, c’est vraiment impressionnant (pour nous qui ne connaissions que la Ronde). La journée s’est aussi bien passée parce qu’il n’y avait pas de trop longues files d’attente, vu qu’on n’était pas en juillet.



C’est seulement le lendemain qu’on est allés vraiment dans Los Angeles : ça m’a pris un bout de temps avant de comprendre qu’on n’était plus en train d’approcher la ville, mais qu’on y était bel et bien rendus, en train de rouler sur des autoroutes à 8 voies de large où la circulation restait très dense un mercredi matin à 11h. Il n’y avait évidemment aucun arbre aux alentours, que d’innombrables petits papiers et déchets tout le long des routes. C’était, comme on le craignait, une ville d’autoroutes jusque dans tous ses quartiers, sans pistes cyclables, avec peu de piétons, une ville dimensionnée pour les véhicules, car la distance entre les quartiers est énorme.


Au camping, on a constaté que les avions nous vrombissaient au-dessus de la tête aux 30 secondes en journée, 10 minutes la nuit (on aurait imaginé ça moins fréquent, surtout à 3 h du matin). Grrr. Prendre les divers bus, métros aériens et sous-terrain nous menant au centre-ville nous a pris environ 1h30. Grrr. On est sortis sur Hollywood Boulevard pour voir au loin le signe très connu d’Hollywood, qui au départ n’avait rien à voir avec le cinéma mais était une publicité immobilière invitant les gens à venir s’installer dans le quartier.

 

On s’imaginait qu’Hollywood Boulevard était une sorte de Champs-Élysées glamour : c’est juste une grosse artère laide et banale, la rue Sainte-Catherine de la taille d’Henri-Bourrassa et avec des palmiers. Les étoiles s’alignent sur de très longues distances, on en voit sur les rues perpendiculaires aussi, Janis Joplin devant un boui-boui, Spike Jonze devant un magasin cheap de souvenirs qui vend des répliques d’Oscars. Tout ce qui est censé avoir de la valeur en perd. Hollywood Boulevard, c’est le règne de la circulation automobile et du commerce clinquant et sans envergure. Des itinérants dorment un peu partout à même le trottoir, le bruit est ahurissant, tout comme dans les métros, c’est la ville la plus bruyante où j’ai été. 



On est allés voir l’hôtel de ville, bof. On y est montés au 27e étage pour admirer la ville, re-bof. C’est une ville sans âme. Elle allie les mauvais côtés de la ville et ceux de la banlieue. Comme dans beaucoup de villes (en tout cas nord-américaines), il y a du bruit et un développement anarchique sans vision. Mais comme dans toute banlieue, un étalement urbain décourageant pour les piétons et aucun attrait pour les touristes qui aiment se promener dans des quartiers historiques, verts, originaux, artistiques, etc.

Par contre, avant de repartir au camping, on s’est arrêtés au Last Book Store : wow! C’est le seul endroit où je me suis sentie bien dans la ville. The Last Book Store, c’est une grande librairie de livres usagers installée dans une sorte de loft (une ancienne banque, avec deux coffre-fort), avec un très beau plafond et une mezzanine où sont installées de petites galeries et commerces d’artisanat. Il y a des labyrinthes de livres, des étagères placées dans tous les sens, des murs de livres avec une fenêtre au centre, des fauteuils : là-bas, on a oublié l’heure et on a raté notre dernier autobus pour rentrer au camping. Il était rendu 19h, il faisait noir, et des gens ont eu pitié de nous en train d’errer au terminus avec Nina qui commençait à pleurer. Un couple nous a proposé de profiter de son lift, on s’est tassé à 8 dans leur auto. Ils étaient vraiment gentils.



Le lendemain, on est parti cette fois en vélo le long de la plage. La plage restait inintéressante à mon gout pendant longtemps, bordée par l’autoroute, en fait jusqu’à ce qu’on atteigne Venice Beach, qui s’est avéré un autre endroit que j’ai trouvé vraiment intéressant. C’était l’inverse de Los Angeles : enfin une impression de communauté, de calme, de marginalité. L’air était doux, la lumière très belle, des skaters faisaient des prouesses éblouissantes dans un skate-park près de l’eau. Il y avait des campements de fortune entre les arbres, on aurait dit de grands tam-tams. À Santa Monica, des slack line, des anneaux étaient installés face à l’océan. Ceux qui s’y exerçaient avaient l’air d’athlètes de cirque, voltigeant devant le Pacifique. On a fini notre tour au mythique pier de Santa Monica, fin de la route 66, avec son parc d’attractions au-dessus de l’eau. Ça en valait vraiment le détour.



De retour au camping, à la tombée de la nuit, on a soudain vu dans le ciel de magnifiques trainées de nuage avec des effets de couleurs impressionnants : c’était le lancement de la fusée de Space X, nous a informés une dame au camping. Les gens qui n’étaient pas au courant croyaient à des extraterrestres! C’était surnaturel.



Donc, bilan de Los Angeles et de ses environs à mon avis : c’était tour à tour très bien et très décevant. 


Caroline