Buckskin Gluch Trail


En préparant le voyage, j’avais repéré un petit jardin secret pour les marcheurs aventuriers. Comme la randonnée était classée parmi les 10 plus dangereuses des États-Unis (à cause des flash flood, torrents de boue inopinés), je m’y suis risqué seul. Et l’expérience était à la hauteur : canyon vertigineux, couleurs éclatantes et bouillasse au rendez-vous.


Le premier défi était la chaleur, car il faisait déjà 30oC à 7h du matin et plus de 40 sur le chemin du retour. La trail sillonne le fond d’un canyon sur plus de 25km, parfois à peine plus large que les épaules, d’autres fois stoppé par des bassins de boue où je n’avais pas le choix de sauter les deux pieds dedans, de temps en temps jusqu’aux cuisses. Sur toute la journée, j’ai croisé au maximum 15 personnes. Il m’aura fallu 9h pour faire l’allée retour, mais que du plaisir.


Steph



Zion NP


Avant d’aller au parc national de Zion, on s’est arrêtés deux jours dans un camping à Kanab, où on a rencontré une famille de Washington qui voyageait depuis deux ans aux États-Unis avec leurs deux petites filles (5 et 8 ans) et avec qui on s’est vraiment bien entendus. On a brunché ensemble, discuté pas mal (voyage, politique, psychologie, littérature), joué, fait un tour à la piscine et à la bibliothèque, c’était parfait. On était tristes de se quitter, mais c’était avec la perspective de se revoir peut-être le soir à Zion. Cependant ils nous avaient prévenus que c’est un parc extrêmement populaire et qu’il serait sans doute plein, même si les vacances scolaires n’étaient pas encore commencées.



Zion est un très beau parc, mais petit, encaissé entre des parois rocheuses magnifiques, un peu comme Yosemite. Des navettes conduisent les randonneurs aux différents canyons qu’on peut explorer. À notre arrivée, impossible de trouver un endroit où nous garer pour prendre une navette et compliqué de savoir si on pouvait passer la nuit à proximité du parc. La chaleur nous écrasait. On a essayé de patienter pour faire une randonnée en soirée, idéalement avec Sarah et Brad qu’on venait de rencontrer, mais on a fini par abandonner pour aller chercher un peu d’ombre et un endroit où dormir, à plusieurs km du parc. Malgré l’ombre, on a crevait de chaud, incapables de nous endormir même si on avait le projet de se lever à l’aurore, histoire d’être les premiers en randonnée.


On est rentrés dans le parc le lendemain 1h avant les premières navettes, à 5h du matin. Mais la file d’attente était déjà longue. Tout le monde allait à la randonnée phare du parc, Narrows, qui suit une rivière serpentant dans un petit canyon. La randonnée se fait dans la rivière (parfois en nageant). On n’avait pas les chaussures pour, alors on a plutôt suivi le sentier qui longeait la rivière et qui menait au début de cette trail (Riverside). C’était très beau, très vert et frais pour la région. Mais très plein de gens aussi, tous empruntant la rivière à la queue leu leu.



Adeptes de randonnées plus solitaires, on a été faire Hidden Canyon, qu’on a adorée (même si on n’était pas toujours seuls). Après une longue montée, le sentier est devenu très étroit, accroché à la falaise, avec des chaines pour se retenir. Vertige, grands paysages, roche lisse et glissante, on aimait ça! Puis on a escaladé des rochers, franchi une étroite entrée et pénétré dans le canyon caché, tout frais, vraiment beau, où on a pique-niqué avant de redescendre en plein soleil.


 

Bryce Canyon NP



Bryce Canyon a été notre parc préféré de la région. Les paysages sont spectaculaires, il n’y avait pas trop de gens, il n’y faisait pas trop chaud. Perso, je n’ai pas adoré le désert, peut-être à cause de la saison où on est allés, mais la météo était souvent terrassante et j’ai vraiment moins de plaisir à rouler ou à marcher dans des paysages de roches et de sécheresse, sans végétation. À Bryce, c’était plus hospitalier.

Bryce Canyon n’est pas un canyon en fait : c’est un vaste plateau qui a été creusé en amphithéâtre par l’érosion, laissant des formations géologiques appelées hoodoos. Quand l’eau s’infiltre dans les failles de la roche friable et qu’elle gèle en hiver, elle agrandit les crevasses qui finissent par former des pics là où il y avait auparavant une falaise. De loin, on dirait des constructions humaines, villes, forteresses, statues. Le premier jour, on a suivi le bord du canyon sur plusieurs kilomètres, depuis Bryce Point jusqu’à Sunrise Point, en passant par Sunset Point et Inspiration Point.



Le lendemain, Steph et moi, on est descendus faire une randonnée en bas de la falaise, dans une forêt de hoodoos alternant avec une forêt de pins, rencontrant des tunnels et des fenêtres ici et là. C’était superbe, tranquille, surprenant, ça montait et ça descendait tout le temps, on était heureux! 

 


Lower Calf Creek Falls


À Lower Calf Creek Falls, une randonnée d’une dizaine de kilomètres nous attendait. Un chemin sablonneux, des falaises travaillées par l’érosion, quelques arbres mais surtout un soleil ardent : on aurait aimé se lancer dans cette randonnée plus tôt le matin, mais le temps qu’on arrive sur place, on était déjà en plein dans la chaleur et surtout le trop grand nombre de randonneurs. À différents endroits du sentier, des bouteilles d’eau d’urgence étaient disposées pour dépanner les gens. On n’en a pas eu besoin, mais on aurait aimé avoir pris le pique-nique… On essaie toujours de calculer large, mais parfois Nina nous surprend à avoir besoin de pauses plus longues et plus fréquentes et tout l’horaire se décale. Parfois c’est l’inverse et elle court devant nous.


On avait tous très hâte d’arriver au point final avant le demi-tour : une belle chute où on espérait se baigner. Mais c’était en fait la plage au milieu des rochers : les gens se doraient au soleil et peu se baignaient, car l’eau était étonnement froide. On n’est pas restés aussi longtemps qu’on s’était imaginé…


 

Capitol Reef NP



Même falaises impressionnantes sous un soleil cuisant, même climat semi-aride, même rareté de végétation et surabondance de chaleur… On a parcouru le parc en Vagabus, s’arrêtant surtout dans la zone centrale qui contient un oasis de verdure autrefois habité par une petite communauté mormone. Dans cette enclave, Fruita, quelques familles faisaient autrefois pousser pommes, poires et cerises, élevaient aussi quelques animaux et devaient se sentir dans un paradis terrestre au milieu d’une terre inhospitalière.



À Fruita, on a visité une ancienne maison de l’époque restaurée, vu la minuscule école du village, admiré quelques pétroglyphes datant d’une époque plus ancienne. Le lendemain, on s’est décidés pour une randonnée tôt le matin, qui montait jusqu’à une arche creusée dans la roche.


Little Wild Horse Trail


Une randonnée vraiment spéciale dans un canyon très étroit, où il ne fallait pas avoir oublié l’eau… On a d’abord roulé très longtemps dans un paysage lunaire, que des collines grises comme si on était dans une carrière à perte de vue. De la roche, de la roche, du gravier, absolument rien qui peut pousser. On est arrivés à l’entrée de la randonnée et on a décidé d’attendre un peu que le soleil baisse. Fin de journée, on est partis dans ce sentier étroit, creusé par le passage de l’eau qui a comme laissé l’empreinte de vagues sur les murs, ceux-ci montant très haut au-dessus de nous.


Dans l’alternance d’ombre et de lumière, les enfants se sont mis à jouer à ne jamais toucher le sol en avançant, se tenant aux parois sur de longues distances.


 

Canyonlands NP



Canyonlands a été une sorte de résumé de ce qu’on venait de voir en Utah : vastes paysages, rocheux, desséchés, un grand canyon façonné par la rencontre du fleuve Colorado et de la Green River (mais moins coloré et impressionnant que le Grand Canyon). On y est restés seulement une journée.




Arches NP


À Arches, on peut dire que les conditions désertiques culminaient. On est entrés dans le parc vers 17h, en ayant l’impression de respirer de l’air brulant dans une sécheuse. On s’est arrêtés voir quelques arches autour de Double Arch (elles ont été formées par l’érosion qui a attaqué les couches plus friables de la roche en laissant celles supérieures intactes), au milieu de tas d’autres touristes car je crois que tout le monde essayait de profiter de cette heure supposément meilleure, mais aussi pénible que si on avait été midi. À 19h le soleil était toujours aveuglant, le ciel sans aucun nuage, l’air ultra chaud. On s’est forcés pour aller voir Delicate Arch, symbole de l’Utah qui se trouve aussi sur les plaques d’immatriculation. Je n’ai pas été fascinée.  



On s’est ensuite arrêtés manger en prévoyant une dernière randonnée à Landscape, quand le soleil serait sur le point de se coucher. Ouf! Ça a tout changé : l’air est devenu respirable, le paysage moins lumineux, les gens plus rares. Là, on était contents. Landscape est la formation rocheuse que j’ai préférée, mince couche tenant solide très haut dans les airs, mais donnant l’impression qu’elle va finir par s’effondrer. Il n’y avait aucun souffle de vent, l’air était figé, les couleurs plus douces, les chauve-souris commençaient à sortir. On a fini par deux autres arches tout près, juste comme la noirceur devenait trop présente pour nous permettre d’explorer davantage.


Caroline


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