Voici les détails de notre vie quotidienne en voyage. Une vie de voyage, ce n’est pas comme une vie de vacances : elle s’apparente plus au quotidien de n’importe quelle famille, sauf que le fait d’être en mouvement, de vivre en promiscuité et sans les services habituels (eau et électricité illimitées) ramène la vie à une grande simplicité et rusticité. On est devenus champion de l’économie d’énergie. On vit en fait un peu comme dans l’ancien temps, avec quand même du confort moderne en plus. Les contraintes de cette vie, c’est l’envers de la médaille qui nous permet d’être toujours en mouvement et à la découverte de la suite, de nous lever le matin dans une ville et de nous coucher dans une autre, de déjeuner au bord de l’eau et de souper dans les montagnes, de voir du pays, du beau comme du laid, de l’Unesco comme des agglomérations de sans-abris aux abords des villes. Et, donc, de nous sentir libres et vivants. 

 


Combien ça coute cette histoire


Nous vivons en ce moment avec un budget de 120 $ par jour, tout compris : logement (c’est-à-dire camping), nourriture, essence, visites, tout. Ça implique qu’on ne va pratiquement jamais au restaurant (car on mange en moyenne pour 4$ par personne par repas) et qu’on dort seulement 20 % du temps en camping, sinon on ne tiendrait pas (pour un véhicule comme le nôtre, un emplacement de camping tourne autour de 60 $ dans l’ouest). Or nourrir 5 personnes, dont un Matteo en pleine croissance, coute déjà cher : la nourriture est notre plus gros poste budgétaire, d’autant plus que le prix des aliments est assez élevé dans l’ouest. Il faut aussi garder des sous pour payer l’entrée des attractions et autres lieux à visiter pour cinq, ce qui n’est pas peu dire.


Le taux de conversion du dollar canadien ne nous aide pas non plus. On espère qu’en Amérique centrale, le budget baissera (il parait qu’on va diviser les prix par deux). Pour l’instant, il découle de tout ça que trouver fréquemment un endroit gratuit où dormir est capital pour nous.  

  


La crise du logement


Quand on est partis de Montréal en juillet dernier, on avait comme expérience avec le Vagabus, à part les campings et Acadia Park, essentiellement les Maritimes, où on avait passé les deux derniers étés. C’est-à-dire des provinces où on a toujours trouvé facilement à se garer pour la nuit. On ne cherchait même pas tellement un endroit où dormir, on cherchait un bel endroit. Des ports de pêche, des campagnes isolées, des vues sur l’eau, des parcs où les enfants pouvaient jouer et où on pique-niquait facilement. C’était l’été : on pouvait utiliser les cours d’école. Les Maritimes sont peu fréquentées, les gens y sont accueillants et tolérants : on a toujours dormi où on voulait, sans se casser la tête, avec seulement quelques voitures nous tournant autour, car l’autobus rendait là-bas les gens curieux et enthousiastes. Au pire, on utilisait les stationnements : ceux des églises (sauf le samedi soir) ou des centres commerciaux.  


Mais dans l’ouest, c’est très différent. Les villes sont plus riches, plus densément peuplées, l’espace plus restreint, le nombre de camping-car très élevé, le degré de tolérance au boondocking (squatter à droite et à gauche en dehors des campings) très bas. Au début, on se rabattait sur les stationnements de Walmart, où les VR sont toujours acceptés pour la nuit. Mais dès Vancouver, on a commencé à voir des pancartes interdisant d’y dormir, et ça s’est poursuivi tout le long de la côte ouest américaine. En Californie, aucun Walmart ne le permet, ni autres centres commerciaux. Il parait que ces interdictions sont assez récentes. À cause de la crise, de plus en plus de gens vivent dans leur véhicule aux États-Unis, et parfois juste dans leur auto. Comme les températures de nuit ne descendent pas sous zéro, c’est possible. Ça peut même être des familles. À côté d’eux, on se sent dans le gros luxe. Les villes réagissent en repoussant ces itinérants motorisés au lieu de chercher d’autres solutions.



On consulte souvent les forums de boondocking, de free camping, mais plus on vise une grande ville (San Francisco, Los Angeles), moins il y a de solution, surtout à notre taille. Les petits VR, les petites camionnettes converties peuvent se garer dans la rue incognito. Pas nous. Les enfants ont vite réalisé que, hors camping, c’est-à-dire dès qu’on ne paie pas pour un bout de terrain, on est toujours illégaux (c’est même illégal de jeter ses ordures personnelles dans les poubelles des lieux publics, on doit toujours le faire très discrètement). C’est partout interdit de dormir sur la voie publique, sauf à certains endroits et selon certaines conditions (comme à Vancouver), par exemple avoir un véhicule de 3m maximum (il y a par contre des villes comme à Santa Monica en Californie où ça prend un permis pour garer un véhicule plus long le jour). Nous, on est toujours susceptibles d’être chassés, à n’importe quelle heure de la nuit.


On s’imaginait l’ouest regorgeant d’endroits où dormir, c’est si grand. On pensait pouvoir s’installer un peu où on voudrait dans la nature (car en faisant attention, on a une autonomie de 10 jours). Mais tout est interdit. Par exemple, on est censés pouvoir dormir partout gratuitement dans les forêts nationales aux États-Unis, mais on a découvert que c’est seulement permis en dehors des lieux aménagés (donc en dehors des stationnements et pas sur le bas-côté des routes). On ne peut pas s’inventer un emplacement sous les arbres : dormir dans une forêt nationale est donc seulement une option quand on dort en tente. C’est encore pire dans les parcs nationaux canadiens et américains : on y est absolument pas tolérés la nuit, et même talonnés par les Park Ranger aux États-Unis, qui nous abordent toujours agressivement, armés de leurs pistolets et de leurs taser. En pleine forêt, on se fait demander son permis et ses intentions, alors qu’on est clairement juste venus pour une rando. Il n’y a que dans les déserts du sud de la Californie où on a enfin pu s’installer librement où on le voulait.


Nos problèmes de stationnement (et de logement) se sont aussi compliqués quand il a fallu commencer à se garer près d’une bibliothèque pour mon travail, ce qui s’est souvent produit durant les derniers mois. Une bibliothèque, c’est en général situé au centre-ville, ou en tout cas près des rues résidentielles, ce qui est mauvais pour nous. On est alors trop visibles et au bout d’une nuit ou deux, un agent vient cogner à notre porte ou y placer un mot nous demandant de partir dans les 24h.


Exemples de paramètres à considérer pour nous trouver une place :

- Avoir assez d’espace pour le gabarit de l’autobus, y compris l’espace de manœuvre pour reculer, sortir, etc.

- Pas devant une maison, pas dans une rue résidentielle. Les gens appellent la police dans l’ouest pour nous déloger, car on nous considère comme des hippies (on cogne parfois à notre porte pour nous proposer du pot).

- Pas trop proche d’une autoroute, d’un train, d’une génératrice, car on n’est pas isolés comme une maison et on entend tous les bruits. Malheureusement, les coins où personne ne nous remarque sont les plus bruyants.

- Pas dans une rue en pente, car le frigo doit être de niveau, et puis c’est difficile de vivre avec une forte inclinaison.

- Pas lorsqu’une pancarte est douteuse (même si ça ne dit pas carrément No overnight parking).

- Pas proche d’un poste de police, d’un établissement militaire, etc.

- Il vaut mieux aussi changer de place souvent, car on se fait plus remarquer et déranger quand on essaie deux ou trois nuits au même endroit.

- Idéalement, proche d’un réseau de transport quand on veut visiter une ville.


En fait, imaginez-vous arriver à Montréal avec tous ces paramètres en tête, plus la circulation à laquelle réagir, la fatigue de la route ou de la journée, l’incertitude, etc. Ou même arriver dans une plus petite ville, quand il commence à faire noir et qu’on n’a pas une idée claire des lieux. Dès qu’on peut, on fait des repérages à l’avance, quand on a internet, mais c’est seulement sur place qu’on se rend vraiment compte de ce qui est possible.


Solution habituelle : aller dans une zone industrielle, avec les gros camions de transport. Sauf que ceux-ci sont souvent réfrigérés et ont une génératrice qui nous empêche de dormir… Nina est également déçue, elle qui veut toujours qu’on se gare près d’un parc. Et ces coins sont toujours trop loin des bus et métros, si on en a besoin.


Nécessité : être tolérant aux toc-toc à 23h comme à 3h du matin. Passé le premier sursaut, l’impression d’intrusion, de confusion en plein milieu de la nuit, il faut absolument aller répondre et tenter d’amadouer l’agent. Ça fonctionne mieux si j’y vais, car un barbu les rend plus méfiants. Mes options : insister sur le fait qu’on n’est pas du coin, qu’on repart le lendemain, qu’on ne va pas s’éterniser, que les enfants dorment, qu’il n’y a pas de camping où aller à cette heure-là.



Qu’est-ce qu’on mange?


Dormir hors camping, ça veut aussi dire vivre la plupart du temps avec peu d’électricité. Pour cuisinier, on a une gazinière mais pas de four. Ça limite les recettes. Depuis qu’il fait plus froid dehors, c’est devenu moins agréable de cuisiner à l’intérieur, l’odeur reste partout dans le bus.


En camping, c’est le luxe : on sort la mijoteuse. C’est comme notre four. On prépare une ou deux mijoteuse par jour, pour emmagasiner des repas. Des chilis, des sauces spaghetti, des poulets au beurre. C’est facile à dire, mais long à faire. Chaque mijoteuse génère son stock de vaisselle, à laver sans lave-vaisselle. Chaque mijoteuse demande de bonnes ressources d’ingéniosité, pour cuisiner dans un si petit espace, parmi les devoirs et toute la vie courante. Le devant de l’autobus est notre pièce de vie où tout se passe : c’est le salon, la cuisine, là où on fête les anniversaires, Noël, où on écoute un film le vendredi soir.



Le luxe en camping est qu’on peut aussi se servir du barbecue et utiliser le micro-ondes. Se faire du thé avec une bouilloire! Des toasts au grille-pain! Sinon, le déjeuner est fait à la gazinière, l’eau du thé à la casserole, les toasts à la poêle. On en profite aussi pour faire des plats qui ont l’air simples, mais qui le sont moins pour nous, comme des pâtes : se faire un spaghetti, ça prend beaucoup d’eau, ça en déverse autant dans notre réservoir d’eau grise, ça génère beaucoup de vapeur et d’humidité, bref, on évite souvent.

 


Va te laver!


Hors camping, l’eau aussi est limitée… Notre réservoir contient 200 L d’eau : on ne s’en rend plus compte aujourd’hui, mais ça passe très vite malgré nos gros efforts. On peut donc faire la cuisine, la vaisselle, notre toilette, mais pas se doucher, surtout pas à cinq. Il faut être assez tolérant aux douches espacées. Les enfants ne s’en plaignent pas.


Quand même, au bout d’une semaine, si on ne prévoit pas de camping avant plusieurs jours, on se met à chercher une piscine publique. L’été, c’était une piscine extérieure, mais depuis l’automne on court les centres récréatifs. On paye parfois l’entrée que pour utiliser les douches. Encore là, on peut tomber sur des douches communes, ou bien l’eau peut être semi-chaude. Squatter la douche familiale à l’heure de pointe quand toutes les familles font la queue n’est pas intéressant non plus. Ni sortir du centre avec nos serviettes toutes mouillées quand il fait froid, car on n’a pas de possibilité évidente de séchage dans l’autobus.


En camping, on préfère les douches de l’endroit plutôt que la nôtre : toujours pour une question de séchage et parce que notre douche sert d’entreposage à tellement de choses, notamment nos deux bombonnes d’eau pour boire de 18 L. Mais c’est parfois peu inspirant : la salle de bain peut être froide, les douches payantes, le pommeau trop haut pour Nina.




Au rythme du soleil


Vivre avec peu d’électricité, ça veut dire vivre beaucoup plus en fonction du rythme du soleil que dans la vie moderne. Aujourd’hui, on a de la lumière quand on veut, du chauffage à profusion, ce qui fait en sorte qu’on peut travailler à ses devoirs ou cuisiner aussi bien avant qu’après 17h, ça n’a pas d’importance. Ni qu’on se lève le matin avant ou après le soleil. Pas pour nous. Sans soleil, il fait noir et froid dans l’autobus, le soir comme le matin.


Cet été, tout allait bien, on faisait même très souvent nos visites après le souper pour éviter les autres touristes. À présent, dès 17h on se replie dans notre véhicule et on doit y vivre sans lumière et sans chaleur abondantes. On peut allumer les plafonniers, mais très peu. On s’éclaire plutôt avec 4 lampes solaires dont on recharge le bloc durant le jour. Il faut déplacer la lampe pour cuisiner, pour laver une casserole, se mettre en pyjama, etc., c’est comme nos chandelles modernes. Quand il pleut, la recharge est très faible. Même quand elle est optimale, ça ne dure pas si longtemps, c’est-à-dire qu’après le souper, la lumière est rendue plutôt basse pour lire.  



On fait beaucoup moins de jeux de société ou de cartes qu’en été : il fait trop sombre et parfois assez froid, on est mieux sous les couvertures. Les enfants n’ont jamais autant lu, c’est notre principale activité du soir. On achète des livres de temps en temps, quand ils ne sont pas chers (mais juste en anglais). On s’alimente en lecture surtout grâce à nos abonnements de bibliothèques (BAnQ et bibliothèque de Montréal). On a deux liseuses (le partage est parfois difficile) sur lesquelles on emprunte des livres numériques à distance. Voici le palmarès des enfants :


Lou Andrea :

1. Agatha Christie, Le meurtre de Roger Ackroyd

2. Ransom Riggs, Miss Peregrine et les enfants particuliers 1-2

3. James Dashner, The Maze Runner 1-2-3

4. Reif Larsen, L’extravagant voyage du jeune et prodigieux T.S. Spivet

5. Veronica Roth, Divergence 1-2-3

 

Matteo :

1. Heather Anastasiu, Glitch 1-2-3

2. Rick Yancey, La cinquième vague 1-2-3

3. Christi Daugherty, Night School 1 à 5

4. Kass Morgan, Les 100 1-2

5. James Dashner, The Maze Runner 1-2-3

 

Nina, elle, se « lit » des livres ou elle joue. Elle a tellement d’imagination. Elle peut lire un livre à colorier et en tirer une histoire. Elle joue avec des fourchettes et des bouteilles d’eau, elle fait parler le fil du grille-pain et de la bouilloire, des cordes, des crayons, elle a peu de jouets mais s’en crée constamment. Elle se part des bricolages de son invention, elle décore l’autobus. Elle ne s’ennuie presque jamais.




Aller au travail


On a pris la décision que je travaillerais cet automne, donc qu’on s’immobiliserait ici et là pour  quelques chapitres que j’écris d’un cahier de français de secondaire 5. On s’est mis à courir les bibliothèques pour que j’ai plus d’espace, internet et une alimentation électrique durant plusieurs jours.


Elles sont si différentes les unes des autres! Et ça ne dépend pas toujours de la richesse de la ville, plus de ses priorités. À Canmore près de Banff, la bibliothèque avait une grande cheminée entourée de fauteuils, d’immenses fenêtres donnant sur les montagnes, des prises électriques au sol près de chaque table. Elle était dans un centre multi-fonctions, avec une superbe piscine, plusieurs murs d’escalade, des salles de sport et de danse très fréquentées, une garderie pour les petits pendant que les parents s’entrainent. Je n’ai jamais vu un tel endroit où les gens semblaient si en forme, si équilibrés : j’ai trouvé fabuleux d’installer la bibli dans ce contexte, de vouloir développer autant le corps que l’esprit.


À Jasper, le coin des enfants avait l’air d’une chambre dans un grenier, avec de grands divans de cuir, des lucarnes, des jouets, tandis qu’en bas tout était aménagé pour les voyageurs, avec un coin cuisine.


À Fresno, en Californie, la bibliothèque de l’université était plus grande, plus neuve et plus confo que la BAnQ – malheureusement, je m’y suis fait voler mon vélo sur le campus-, tandis que la bibliothèque municipale dans un quartier riche était misérablement installée dans un centre commercial. Ces bibliothèques de centres commerciaux sont les plus laides : installés entre le Dollarama et le supermarché, elles ont une seule rangée de fenêtre à l’avant, que des néons et des murs aveugles, aucune ambiance. Peu de gens y vont. Des gardiens armés viennent en chasser les itinérants qui essaient d’y dormir.


En général, partout, les bibliothèques ont plutôt l’air de médiathèques : personne n’y lit de livres, en tout cas pas les 50 ans et moins. Ce sont des lieux de recharge de téléphone/ordi et d’utilisation d’écrans de toutes sortes (sauf à Canmore, où j’ai vu beaucoup d’enfants lire). Les bibli sont pour nous des lieux de calme, d’espace, d’électricité et d’internet gratuits, de repli en cas de pluie et de temps froid, des lieux aussi où on peut aller aux toilettes pour ne pas trop remplir nos réservoirs. Finalement, un bel endroit pour les itinérants que nous sommes aussi.


Donc je me lève le plus tôt possible, avant tout le monde (je suis plus concentrée le matin). Parfois, l’autobus est à 5oC environ, sortir de mon sac de couchage me demande beaucoup de volonté. Quand on est dans un camping, je m’habille à côté de la chaufferette électrique (à 1m il fait froid). Hors camping, le chauffage au gaz est bruyant et réveille les enfants, alors je déjeune dans mon sac de couchage, en faisant un nuage de condensation entre chacune de mes bouchées. Je mets plusieurs couches, des combines, etc. Il fait noir, je mange avec une faible lumière, je sors parfois sous la pluie (surtout à Victoria), avec tuque, mitaines, imper, pour me rendre en vélo au centre récréatif ou au café déjà ouvert, avec mon ordi. Les bibli ouvrent en général vers 10h, je m’y déplace (c’est plus calme qu’un café) et souvent Steph et les enfants me rejoignent durant la journée. Les enfants font des devoirs, Steph prépare la suite du voyage. Je travaille dans le bruit d’un peu tout le monde, des ados qui sortent de l’école et viennent regarder des vidéos (et que les gardiens surveillent de près), des gens un peu louchent qui mangent ou dorment, des questions des enfants pour leurs devoirs.     



Lâche pas l’école


On a établi que les enfants doivent faire 10 pages de devoirs par jour de semaine, pour tenir leur programme sur l’année. Ainsi, ils passeront à travers les livres (de Chenelière) de toutes les matières qu’on a apportés. Cependant, dès qu’on fait des randonnées ou qu’on visite une ville, ça compromet leur temps de devoirs. C’est alors difficile à caser. Quand je travaille, ils en profitent et se rattrapent en passant toute la journée à la bibli. Sinon, on fait les devoirs où ça se présente : dans le traversier entre Vancouver et Victoria, devant les montagnes à Sequoia Park, où on peut.



Ça demande aux enfants beaucoup d’autonomie : leur cours, c’est seulement l’encadré théorique au début de la section, ils n’ont rien d’autre. Ça me demande aussi  beaucoup de temps de corrections et, souvent, de compléments d’explications, depuis la respiration cellulaire jusqu’au prédicat en passant par la fonction polynomiale de premier degré. Mais j’aime tout! Ça me donne plein d’idées pour d’autres cahiers sur lesquels j’aimerais travailler.


Parfois, les devoirs recoupent ce qu’on vient de voir : par exemple Lou a eu beaucoup de facilité à décrire San Francisco, ville à risque naturel, et à situer les principales grandes villes américaines. Après Noël, on va ajouter des pratiques régulières de trompette (on en a acheté une avant de partir), car Matteo ne joue en ce moment qu’à l’occasion et Lou en est encore à ses débuts. Mais maintenir un bon niveau musical est une condition pour qu’ils réintègrent JFP au retour.  



Porter sa maison sur son dos


Toute la vie quotidienne doit être adaptée au fait qu’on est toujours ensemble et qu’on ne se déplace pas facilement. Quand il faut de l’essence ou vidanger nos réservoirs, on y va tous. Si l’autobus présente un problème mécanique, on se rend tous au garage et on y reste immobilisés pendant la ou les journées nécessaires. Quand Matteo a eu mal à une dent de sagesse, on est tous allés chez le dentiste avec lui. Ainsi, parfois, notre aventure de la journée, c’est juste de nous trouver une buanderie où faire notre lavage en famille.



On profite encore une fois des campings pour s’occuper de la maintenance plus difficile en autobus. On met Matteo sur le lavage, Lou comme aide-cuisinière, on fait des mijoteuses, on se relaie aux douches. C’est aussi, une fois de temps en temps, le moment où je coupe les cheveux des garçons. On s’installe dehors, les cheveux volent partout, on essaie de les ramasser. Quand il vente, la coupe est plus douteuse.  Nous, les filles, on a gardé nos cheveux mi-longs. Pour ne pas les laver trop souvent… on a complètement arrêté de le faire. On n’utilise plus de shampoing depuis 6 mois, que du bicarbonate de soude une fois par mois environ. Quant à Steph, ça fait 3 ans qu'il fait comme ça et il a le cheveu toujours soyeux. Vous pouvez lire des sites là-dessus (no-poo).


Porter sa maison sur son dos, ça veut dire que les priorités s’organisent comme suit et que c’est les mêmes pour tout le monde en même temps :


1. Est-ce qu’on est tous en santé (en général, oui) ou faut-il un dentiste, etc.

2. L’autobus a-t-il besoin d’un entretien mineur (vidange) ou majeur (réparation).

3. Est-ce qu’il faut aller faire des courses (on y va tous).

4. Est-ce que je dois travailler.

5. Quand tout ça est réglé, on peut enfin visiter.


Bref tout ceci vous montre ce qu’est une vie de nomades modernes. On s’en accommode très bien, pour tout ce qu’elle apporte aux enfants (et à nous) de simplicité et de retour à l’essentiel, et pour tout ce qu’elle nous permet de voir. D’ailleurs, tout est relatif… par exemple, les gens qu’on rencontre (voyageurs ou non) admirent souvent notre Vagabus et envient notre chance de voyager ainsi. Et pour nous, ça reste le rêve qu’on a longtemps attendu.


Caroline


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