Dans notre remontée rapide vers le Guatemala, on retraverse le Honduras en une seule journée. Nous avions vu à l’allée ce qu’on souhaitait voir, en fait, surtout Copán. N’allez pas croire que traverser un pays d’Amérique centrale (entrée et sortie) en une journée est surtout une question de supporter le kilométrage (et l’état des routes). C’est aussi toute une histoire aux frontières. On s’est trouvés chanceux jusqu’ici, mais il faut compter en moyenne un bon 3 h pour chaque frontière, qui peut facilement devenir 5 h ou plus.


À l’allée comme au retour, on passe plusieurs frontières en quelques jours, de quoi jouer comme il faut avec notre patience. Chaque fois, c’est long et compliqué, c’est-à-dire tout un fonctionnement à décoder, les différentes étapes ne se déroulant pas toutes dans le même bâtiment et n’étant surtout pas expliquée clairement. Parfois, quand on demande juste à quelqu’un un renseignement sur l’emplacement du bureau ou de la personne qu’on cherche, on se retrouve escorté par ce guide de bureaux en bureaux, ce qui veut dire qu’il va nous demander un pourboire à la fin, on a compris ce manège assez vite. Ça peut commencer par un gars en habit qui parait officiel et qui nous indique de loin l’endroit où nous garer (ce qui n’est JAMAIS clair). Si on demande un renseignement, il ne nous le donne pas, mais nous conduit au bon endroit, puis s’invite dans nos démarches en nous collant tout le long. Au départ, c’était difficile de détecter ces « aides », puisque leurs vêtements semblent un uniforme et qu’ils entrent comme ils veulent derrière les comptoirs d’administration. Maintenant, on dit non à tout le monde.


On est donc en sueur au bout de 2 minutes et on le reste pendant 2-3 heures. Parfois, miracle!, un des bureaux de douane est climatisé. Mais les gens laissent parfois quand même la porte ouverte. De temps en temps, il faut aller faire nos papiers dans un container de camion aménagé. On va toujours de surprise en surprise. Le processus est à peu près le suivant :

Une longue file de camions (mais ça peut être des centaines) nous avertit que la douane est proche. On a fini par comprendre qu’il ne faut pas attendre derrière eux mais les doubler sur l’étroite voie de gauche… face à la circulation qui vient en sens contraire, sans accotement pour s’en sortir. À notre gabarit, ce n’est pas rassurant. Les camions laissent par contre un espace pour se rabattre à tous les 20 camions environ. À notre arrivée, c’est là que des tas de gens nous sautent dessus, on dirait des mouches : ils nous proposent de changer de l’argent, de porter nos papiers, nous guider, nous vendre toutes sortes de trucs à manger.


D’abord, on s’occupe des formalités de sortie du pays pour nous. Il peut y avoir des papiers à remplir ou non, des frais ou non, des photocopies à faire ou non. Quand il faut des photocopies, le fonctionnaire ne s’en charge à peu près jamais. Il nous faut courir un autre bureau à quelques centaines de mètres, parfois dans le pays non plus de départ mais celui où on veut entrer, et donc payer nos photocopies dans l’autre monnaie. Et donc trouver un changeur avec un bon taux. Et donc repousser tous les autres, et ceux qui nous proposent de nous transporter en vélo pousse-pousse. Une chance que nous avions fait toutes les photocopies de base avant le départ, mais il en manque toujours une du nouveau Visa ou du permis d’importation pour le véhicule! Ensuite, formalité de sortie de véhicule, même manège. Parfois, il y a une fumigation du véhicule, à payer, c’est-à-dire que l’autobus est aspergé d’une eau savonneuse (qui fait rager Matteo quand il vient de passer 1 h la veille à laver les vitres). Puis, formalité d’entrée dans le pays d’accueil, pour nous et ensuite pour le véhicule. On peut, à toutes ces étapes, avoir de soudaines photocopies à faire ou tampon à aller obtenir. Alors quand on s’en tire à moins de 2 h, on est heureux.


Copan


Pour le Honduras, nous visions un seul arrêt majeur : le site maya de Copán (UNESCO). C’est un site remarquable pour la qualité des sculptures. La plupart des sites qu’on a visité gardent peu de traces des sculptures qui ornaient les structures, ou alors très érodées. L’architecture et l’ampleur des installations restent impressionnantes, mais pas le détail. Les sculptures retrouvées à Copán (ou parfois reconstruites) se trouvent au musée à l’entrée. Le droit d’entrée au site est cher, et celui au musée doit être payé en plus. Arrivés en début d’après-midi sur place, on a décidé que j’irais seule au musée avec Nina, qui ne paie pas, et qu’on irait voir les ruines en famille le lendemain.



J’ai préféré de beaucoup visiter l’endroit ainsi, c’est-à-dire savoir ce que j’allais voir et le comprendre, ce qui sur place n’est pas toujours évident. Le clou du musée, placé au centre, est une reconstitution grandeur nature du temple Rosalila, une grande structure dédié au soleil et au maïs, peinte de couleurs vives. Il a été érigé au 6e siècle puis son culte a été abandonné, les gens au pouvoir et le type de vénération changeant. Sauf qu’il n’a pas été détruit : les Mayas l’ont plutôt recouvert d’une grande construction pyramidale, l’Acropole. Avec les filles, j’ai pu me rendre le lendemain dans un des dédales de tunnels archéologiques sous l’Acropole (c’était bizarrement chaud et humide, sans l’effet habituel de fraicheur donné par la pierre) et voir un coin du temple original. Mais on ne distinguait pas la structure d’ensemble et les couleurs étaient passées.



Beaucoup de sculptures au musée étaient d’un style bien plus élaboré que ce qu’on avait vu ailleurs, comme des jaguars sortant la tête de fausses fenêtres au rez-de-chaussée d’une habitation ou bien la sculpture d’un homme assis tenant un stylet et de l’encre, au-dessus de l’inscription maya « Maison de l’écrivain ». Ou bien une grande guacamaya (perroquet) rouge arborant une tête de jaguar qui tenait un bras humain dans sa gueule.



Sur place, on a vu des perroquets en liberté, qu’autrefois les Mayas apprivoisaient comme animaux domestiques. Le jeu de pelote, sous les auspices des guacamayas, possède encore des têtes de guacamayas en haut des pentes du terrain, qui servaient sans doute à marquer des buts, quand le ballon (en caoutchouc!) les touchait. On distingue encore un peu les couleurs rouges d’une guacamayas. D’un des édifices en hauteur, on peut également observer le terrain de jeu de l’endroit où les chefs mayas s’installaient pour suivre la partie.



Dernière curiosité remarquable, un grand escalier de pierre dont chaque marche présente une tranche ornée de hiéroglyphes mayas. Avant, les touristes pouvaient l’escalader, mais quand les dessins ont commencé à s’effacer, l’accès en a été interdit et l’escalier, recouvert d’une bâche pour protéger ce qui reste le plus grand « document de pierre » connu de l’empire maya, racontant l’histoire et les exploits de l’une des dynasties.  



En quittant Copán, on a subi une route en travaux vraiment pénible (tout le Honduras a l’air en travaux routiers) : 100 km en 3 h 30 dans une enfilade de camions et sous une chaleur étouffante, vu qu’on ne roulait pas assez vite. Alors on ne fermait les fenêtres que quand les nuages de poussière devenaient trop importants. Au final, on a découvert que l’intérieur de l’autobus était complètement enduit d’une couche de poussière noirâtre : plancher, comptoir, lits, jouets, vaisselle, bref la joie. Après avoir tout nettoyé et transpiré de plus belle dans l’effort, on a enfin atteint une super belle route, où on était seuls dans un paysage de magnifiques montagnes couvertes de plantations de café. Tout à coup il faisait frais! Le paysage était beau, tout allait bien, et on a passé une très bonne nuit. Le Honduras en fait ne nous a pas semblé plus dangereux que ça, alors qu’on était un peu sur nos gardes étant donné que le Canada recommande quand même aux voyageurs d’éviter ce pays au taux de criminalité parmi les plus élevés au monde.


Caro


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